QUATRIÈME DE COUVERTURE :
Souvent comparée à Toni Morrison, Louise Erdrich, dont le talent a été récompensé par le National Book Award, est une des voix les plus singulières de la littérature américaine d'aujourd'hui.
Salué lors de sa parution aux États-Unis comme son plus beau livre, L'Épouse Antilope est une véritable polyphonie qui mêle, de la fin du XIXe siècle à nos jours, l'histoire de deux familles, l'une indienne, l'autre blanche.
Ce qui unit les destins des Shawano et des Roy autant que ce qui les sépare, c'est un amour obsédant, puissant, déchirant, qui comble et qui détruit, semblable au pouvoir de cette femme-antilope qui traverse le livre. Mi-esprit, mi-animal, l'Épouse Antilope cause la perte des hommes qui en tombent amoureux, car de proie elle deviendra vite chasseur et changera à jamais le cours de leur existence.
MON SENTIMENT :
J'ai l'idée qui vadrouille sur des terrains en déroutes…
Nan mais sérieux, je ne sais pas comment aborder mon avis sur ce livre… C'était… comment dire… Original ? oui certes.
Inclassable ? c'est certain.
Poétique tout en étant dramatiquement lamentable ? Voilà, oui, c'est ça !
J'ai beaucoup aimé la plume décalée de l'auteure. Elle joue avec les mots avec une réelle complexité qui semble pourtant tout droit sortie de son esprit et couchée sitôt sur le papier sans qu'elle y ait réfléchi une seconde.
Pour ce qui est, en revanche, de l'histoire - ou plutôt devrai-je dire des histoires, car c'est un imbroglio de scènes pittoresques, humoristiques, tragiques sans queue ni tête, ni suite logique - c'est tourné de manière fantasmagorique, rendant la route incertaine et nos réflexions hésitantes. J'ai eu, à moult reprises, la sensation que mon cerveau était secoué dans un shaker, n'arrivant plus toujours à me retrouver dans la trame. « Mais attends, c'est qui elle, une Roy ou une Shawano ? » « Et maintenant, on est où et à quelle époque ? » « Mais la vieille là, au fait, c'est la grand-mère de qui ? »… On ne sait parfois plus quoi penser ni comment penser et l'auteure nous mène par le bout du nez pour mieux nous emberlificoter.
Le mélange improbable des métaphores disjointes et disjonctées, aux images torturées et déchirantes, rend l'ambiance oppressante, surtout sur la première moitié du livre.
Sur la seconde, l'humour fait son apparition et là, beaucoup d'hilarité décalée, c'est plus doux, les protagonistes sont moins malmenés par la vie et ses aléas catastrophiques et recommencent à espérer. Ça reste souvent pathétique - avec un arrière-goût de réel amer -, mais plus supportable. C'est la vie, c'est ainsi…
Claytone Carpe
CITATION :
« Parfois les drogues, celles sur ordonnances je veux dire, ne font rien sur quelqu’un. Il y a des chagrins qui vont au-delà de la dose prescrite à ne pas dépasser. »
L'épouse Antilope
Louise Erdrich
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